Très vigilante sur la qualité des ressources en eau, l’association Génération Futures s’inquiète du récent déclassement d’un métabolite du Chlorothalonil par l’Anses. Un « pesticide très présent dans l’eau potable » et dont les taux, relevés à Paulhan à cinq reprises entre novembre 2023 et le 15 mars dernier, ont entraîné une surveillance accrue de la qualité de l’eau.
Son objectif n’est pas d’inquiéter la population mais bien « de relayer l’info ». Représentante héraultaise de l’association Générations futures, la lanceuse d’alerte Marie Azorin, basée en Coeur d’Hérault, entend attirer l’attention sur la pollution des eaux souterraines, ressources sensibles quand, « en France, 2/3 de l’eau potable provient des sous-sols ». Or, en s’appuyant sur une récente étude publiée par le Monde, elle rapporte que « Les pesticides et leurs métabolites (sous produits) sont la première source de contamination des eaux souterraines. Au niveau national, ils sont présents et quantifiés dans 97% des stations de contrôle et dépassent les normes dans près de 20% d’entre elles. Sans surprise, la carte de la pollution aux pesticides se superpose à celles des zones où les traitements phytosanitaires sont les plus fréquents. C’est particulièrement vrai pour notre département (avec l’Atrazine et ses métabolites et les métabolites du Chlorothalonil ) ».
Une présence avérée… mais des normes qui changent
Pour illustrer son propos, l’Héraultaise prend l’exemple de Paulhan, commune sur laquelle l’étude publiée du Monde pointe la présence de polluant dans les nappes. Début mai, « de l’observation des résultats portant sur la qualité de l’eau à Paulhan ( 4031 habitants ), suite aux prélèvements effectués par l’ARS Occitanie, il a été constaté que la qualité de l’eau n’avait pas été conforme, d’un point de vue physico-chimique, en raison de la présence de Chlorothalonil R471811 et ce aux dates de prélèvements suivantes : Le 25 novembre 2023, le 15 décembre 2023, le 9 janvier 2024,le 15 février 2024 et le 15 mars 2024. La teneur de ce fongicide (0,146 μg/L) était alors nettement supérieure aux limites de qualité (0,1μg/L). »
Une surveillance accentuée
Sauf que depuis le classement de ce métabolite désormais considéré comme « non pertinent » par l’Anses, début mai, (lire encadré), la norme a été relevée relevée de 9 fois, passant de 0,1 μg/L à 0,9 μg/L. Conséquence directe, « toutes les situations pour lesquelles le R471811 se trouvait, dans l’eau potable, à des concentrations comprises entre 0,1 μg/L à 0,9 μg/L redeviennent “conformes”. » Interrogé sur l’impact de ce métabolite présent dans l’eau du robinet, le responsable de la ressource en eau au Pôle intercommunal de l’Eau Salagou Cœur d’Hérault, se montre rassurant. « A ce jour les consignes de l’ARS, n’entraînent pas de restrictions de consommation mais une surveillance accentuée. »
Un métabolite « déclassé » par l’Anses
Depuis le 22 mai, le Chlorothalonil R471811, métabolite du fongicide le Chlorothalonil est « classé comme non pertinent par l’Anses ! Jusqu’à cette décision, il était considéré comme pertinent car suspecté d’être cancérogène et perturbateur endocrinien. Désormais, il ne sera plus recherché dans les analyses car classé comme non pertinent. Pourtant, L’impact des pesticides et de leurs métabolites présents dans l’eau du robinet (sous-produits) sur la santé des populations est une véritable préoccupation qui ne doit pas être minorée. C’est un enjeu de santé publique qui est encore sous- estimé », jugeMarie Azorin alors que Générations Futures s’inquiète « des conséquences d’un tel déclassement. »
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