En juillet 1954, cinq ans après une intégrale de « L’Histoire de Juliette » de Sade qui lui valut bien des poursuites, Jean-Jacques Pauvert publie un manuscrit que lui a confié Jean Paulhan. « Histoire d’O », d’une certaine Pauline Réage, a été refusé par Gallimard. Le volume jaune qu’il fait imprimer va, au fil des années, connaître un succès dans le monde entier. Il sera porté à l’écran par Just Jaeckin et adapté en bande dessinée par Guido Crepax. Après un démarrage timide, les articles élogieux de Georges Bataille et d’André Pieyre de Mandiargues seront suivis par l’attribution du prix des Deux Magots. Avant que ne tombe une triple interdiction : de vente aux mineurs, d’exposition et de publicité.
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Le propos du livre n’est pas banal. Une Parisienne, dont on sait qu’elle travaille dans le service de mode d’une agence photographique et répond à la seule lettre de O, accepte par amour d’être conduite, par son amant René, dans un château à Roissy. Elle y sera au service de ses maîtres dont elle ne doit jamais regarder le visage. Elle sera contrainte, et entièrement vouée au désir d’autrui, à recevoir le fouet, pas tant pour leur plaisir que pour son instruction. Plus tard, O sera confiée par René à Sir Stephen H puis à Anne-Marie en continuant de faire abandon d’elle-même. Jusqu’à être percée et marquée au fer rouge…
Comme un défi
Il fut tardivement révélé que celle qui se cachait derrière le pseudonyme de Pauline Réage n’était autre que Dominique Aury (1907-1998). Une femme discrète, née à Rochefort Anne Cécile Desclos, que l’on peut voir en tailleur, avec un chignon et des lunettes dans plusieurs archives de l’INA. Elle avait été proche de l’extrême droite intellectuelle puis résistante, avant de mener une carrière littéraire en devenant notamment la secrétaire générale de la « Nouvelle Revue Française ».
Dominique Aury expliqua s’être lancée dans la rédaction de ce futur classique par défi, en envoyant par poste restante un chapitre après l’autre à Jean Paulhan, le préfacier d’« Histoire d’O » pour qui il s’agit de « l’un de ces livres qui marquent le lecteur – qui ne le laissent pas tout à fait, ou pas du tout, tel qu’ils l’ont trouvé : curieusement mêlés à l’influence qu’ils exercent, et se transformant avec elle ».
« Ce cantique de la chair a choqué tout le monde : la Brigade mondaine, l’Église, le MLF, le Parti communiste, les ligues bien-pensantes »
« Ce cantique de la chair a choqué tout le monde : la Brigade mondaine, l’Église, le MLF, le Parti communiste, les ligues bien-pensantes. Il continue au reste de scandaliser. C’est bon signe. Car seuls sont intolérables les grands livres déjà classiques », notait encore Jérôme Garcin à propos d’« Histoire d’O ». Un texte qu’il n’a jamais considéré comme un livre pornographique mais qu’il voit comme un ouvrage métaphorique et mystique.
Une chose est sûre : soixante-dix ans après sa publication, l’œuvre de Pauline Réage continue de remuer celles et ceux qui l’ouvrent et la traversent avec émotion et frisson.
« Histoire d’O », de Pauline Réage, éd. Livre de Poche, 288 p., 8, 40 €.
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