En marge de ses lettres et dessins, on lit ses dédicaces pleines d’humour.
Les varans vivants
Née en 1925, elle était la fille du psychiatre directeur de l’hôpital psychiatrique Beau-Vallon près de Namur. Elle grandit dans la petite maison allouée à son père et s’inscrit en gravure à l’académie de Namur tout en fréquentant le milieu artistique.
En 1952, à 27 ans, elle s’installe à Paris où elle rencontre l’écrivain Jean Paulhan et l’éditeur Pierre Seghers qui publie son premier recueil de poésie « Poèmes pour les petits pauvres », suivi de huit autres ouvrages de prose et de poésie.
En 1955, la rencontre avec Breton fut un choc : « La rencontre d’André Breton ne m’a pas étonnée, mais bien plutôt émerveillée, comme la réalisation de ce que l’on convoitait le plus au monde et que l’on ne connaissait pas encore tout en n’en ignorant pas l’existence », écrit-elle.
Elle rejoint alors le groupe surréaliste et participe entre autres en 1959 à l’exposition du surréalisme (E.R.O.S.) avec un lexique érotique.
« L’objet bouleversant », si cher aux surréalistes
Après la mort de Breton en 1966, elle continua l’expérience surréaliste jusqu’à sa mort en 1988, à Paris à 63 ans, d’un cancer du poumon.
Les animaux envahissent ses œuvres comme son appartement à la rue Delambre à Paris, qui était un vrai capharnaüm rempli de chats mais aussi de hérissons, de lézards ocellés et de varans vivants. Sur sa porte elle avait épinglé : « Marianne Irrtum, Schizophrène ».
Dans un texte elle a expliqué ses intentions artistiques : « Le surréalisme est une grande peau d’ours : je suis née dedans. Dès avant ma naissance, il devait être inclus dans mes vertèbres, dans mes cellules. Puis, comme je suis un être de pur instinct, ces vertèbres et ces cellules m’ont conduite vers lui. […] Ma vie, qu’est-elle ? Je n’en sais rien, mais sans doute est-elle semblable aux cris de la chouette, à la croissance du palmier sauvage, à la pluie qui tombe les soirs d’été, au vent, à la neige, quelquefois aux typhons, aux maelströms, aux éruptions des volcans. […] Le surréalisme ne m’a jamais été étranger, j’ai toujours su ce qu’il était : la vie même. Pourquoi ? Parce que la vie véritable n’est point celle qui peu à peu a été désignée comme seule licite par les instances qui placent l’humain sous la dépendance des puissances répressives de la morale, de la religion, des lois. »
Le surréalisme est une grande peau d’ours, Le Delta, Namur, jusqu’au 26 janvier
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