L’art brut en bref
Inventée par Jean Dubuffet en 1945, la notion d’art brut renvoie non seulement à des œuvres mais aussi à un état d’esprit : promouvoir les pratiques artistiques extérieures à la culture officielle, anticlassiques, antibourgeoises, autodidactes, populaires, spontanées… Dubuffet, qui crée mais constitue aussi une véritable collection, prospecte en dehors des circuits académiques, jusque dans les services psychiatriques des hôpitaux. L’art brut se caractérise par sa diversité (dessins, sculptures, peintures, broderies…) et la dimension personnelle et souvent autobiographique des œuvres réalisées, parfois oniriques et féériques, parfois angoissantes et violentes. On peut le rapprocher par certains aspects de l’Art naïf ou de l’art singulier.
Il a dit
« L’art doit toujours un peu faire rire et un peu faire peur. Tout mais pas ennuyer. » Jean Dubuffet
Histoire de l’art brut
Jean Dubuffet à la manœuvre
Jean Dubuffet est la figure clef de ce mouvement. Né en 1901, il gagne sa vie dans le domaine du commerce viticole mais cultive une passion pour la peinture. En 1942, il décide de s’y consacrer totalement. Au gré de voyages, il rencontre les auteurs de productions artistiques non-conventionnelles, parfois à vocation thérapeutique dans les hôpitaux. L’art n’est pas l’apanage de l’artiste professionnel selon Dubuffet. Les enfants, les prisonniers, les personnes atteintes de troubles psychiatriques et les marginaux sont aussi des artistes, mais leur art n’est pas légitimé par la société. Dubuffet célèbre l’homme du commun, celui des classes populaires, éloigné de la culture des élites. En 1947, il imagine le Foyer de l’art brut, puis fonde en 1948 la Compagnie de l’art brut qui organise des expositions. Dubuffet fait connaitre des artistes aussi singuliers que Adolf Wölfli, Aloïse Corbaz, Gaston Chaissac… Cette association est dissoute en 1951.
Les fous de l’art brut
Dubuffet collectionne en effet des productions plastiques réalisées par des internés dans des hôpitaux psychiatriques. Il s’intéresse à Antonin Artaud et Auguste Forestier. Mais l’art brut ne saurait être présenté comme l’art des « fous ». Dubuffet affectionne tout autant les productions des enfants, l’art populaire, les œuvres médiumniques et partage en cela un intérêt avec les surréalistes. Ce qui intéresse Dubuffet, c’est la liberté de ces créateurs : leur pratique libérée des normes, des conventions, des traditions, de la critique. Dubuffet a réussi à fédérer des intellectuels autour de son projet tels que Jean Paulhan, André Breton, Michel Tapié et bien d’autres.
Un art basé sur l’inventivité
Selon Dubuffet, l’art ne peut se contenter d’imiter, il doit avant tout être créatif et inventif. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les matériaux utilisés ne sont pas nécessairement naturels. Bien sûr, certains artistes – tel que Heinrich Anton Müller – intègrent parfois du bois ou des galets mais ils peuvent aussi utiliser des matériaux de récupération, des objets du quotidien et faire usage de techniques finalement assez traditionnelles. S’il est brut, l’art défendu par Dubuffet n’est pas naïf ou dit « primitif ». « J’ai voulu limiter [le champ de l’art brut] à des inventions différant profondément de nos normes culturelles mais produites par nos congénères et en notre temps », écrit Dubuffet. Nuance ! Soulignons toutefois que, en dehors de l’Europe, l’expansion de l’art brut est parfois évoquée sous le nom plus large d’Outsider Art. En France, l’art brut est particulièrement bien représenté au LAM (Villeneuve-d’Ascq) et, depuis 2021, dans les collections du musée national d’art moderne grâce à la donation Decharme riche de 900 œuvres.
Quelques œuvres majeures de l’art brut
Jean Dubuffet, Jardin d’hiver, 1969–1970
Cette caverne, forme de sculpture habitable, est créée par Dubuffet dans les années 1960, dans le cadre de son cycle de l’Hourloupe. Le nom de Dubuffet demeure définitivement attaché à l’art brut, et son œuvre se caractérise par sa singularité, son côté hors-normes. Elle est protéiforme : des dessins, des peintures, des sculptures ou, comme ici, des architectures-sculptures. L’artiste, qui réinvente un langage figuratif, hors de toutes conventions. Il couvre les parois de cette grotte platonicienne d’un genre nouveau de formes délimitées par de grands cernes noirs.
Gaston Chaissac, Totem double face, 1961
Né à Avallon en 1910, Gaston Chaissac est un inclassable. Cultivant un mode de vie rustique en Vendée, il est en lien par correspondance avec Dubuffet, Paulhan, Raymond Queneau. Chaissac cultive sa liberté, en utilisant des matériaux recyclés, en unissant dessin et écriture, en abolissant la frontière entre objet et œuvre d’art. Dans les années 1950, il crée des totems à partir de planche de bois récupérées. Humoristique, inventif, ce Totem représente la marchande Iris Clert sous les traits d’un Napoléon haut en aplats de couleurs vives.
Auguste Forestier, La bête du Gévaudan, entre 1935 et 1949
Forestier fait partie de ces internés découverts par Dubuffet et ses amis, en l’occurrence Paul Éluard. Forestier était hospitalisé dans l’établissement psychiatrique de Saint-Alban sur Limagnole depuis 1914. Dans cet univers particulier, il confectionne des sculptures à l’aide de matériaux récupérés ici et là. Il s’aménage au sein de l’hôpital un petit atelier pour se consacrer à ses créations. Cette sculpture, un assemblage brut de bois, de cuir et de dents animales, représente un animal mythique et terrifiant : la bête du Gévaudan, un loup sauvage qui aurait sévi en Lozère sous Louis XV.
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