L’école s’ouvre toujours plus au handicap, c’est un fait que la Cour des comptes ne conteste pas. Mais son rapport rendu public hier révèle au fil des pages que les efforts ne sont pas toujours efficients. Un constat partagé sur le terrain par les syndicats, les parents d’élèves et les accompagnants des élèves en situation de handicap (ÆSH). Mais pour ces derniers, ce sont les moyens qui manquent. Et le métier – sans statut- ne déchaîne plus les vocations.
Là, c’est une AESH à qui l’on confie, non plus trois élèves, mais sept, sans prise en compte de la pertinence d’un tel changement pour les accompagnés. Ailleurs, c’est une AESH qu’on change d’affectation, en fonction des besoins du PIAL (Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisés) qui regroupe les établissements secondaires d’un même secteur géographique.
Au-delà de la souffrance des assistants, c’est de la prise en charge sérieuse et respectueuse des problématiques de handicap qu’il est question. Pour le SNALC, « respecter les AESH, c’est respecter les élèves qu’ils accompagnent ».
Impossible d’être présent derrière chaque élève
« Des enfants que l’on ne peut pas laisser de côté, parce qu’on gère de l’humain », renchérit Philippe. Son fils, dûment notifié en CM2 en 2023 a bénéficié de 6 heures d’accompagnement hebdomadaires. « C’est insuffisant et les heures allouées à titre individuel finissent par être mutualisées au profit d’un collectif d’enfants non reconnus, ou dont le dossier est à l’étude ».
Hanane Ammari est ÆSH au collège de Paulhan : « Les élèves en inclusion représentant 10 % de l’effectif du collège qui compte 560 élèves. Il y a environ 50 élèves en situation de handicap pour 8 ÆSH qui tournent avec des contrats de 24 heures, sachant que 4 élèves ont besoin, l’un, d’un accompagnement de 30 heures par semaine, et les trois autres, de 20 heures. Impossible d’être présents derrière chaque élève, de manière individuelle, comme ce devrait être le cas parfois ».
« On perd la dimension humaine »
En charge de six élèves, trois en 5e et trois en 3e, il est compliqué pour Hanane de reformuler, d’expliquer, de réexpliquer, d’écrire : « Imaginez quand je dois écrire pour les trois. La prise de notes sur l’ordi, ce n’est pas facile pour eux, le tout en essayant de chuchoter pour ne pas gêner le cours. Les enseignants sont très aidants. Mais il faut être flexible et malléable à outrance ».
Avec 4 ou 5 élèves « seulement », on peut donc s’estimer « heureux » quand on est ÆSH.
Un élève peut aussi avoir plusieurs assistants dans la semaine, « ce qui complique beaucoup le suivi, et les liens que l’on établit avec eux ! On perd la dimension humaine. Les choses se font en fonction des moyens disponibles et non pas l’inverse ».
À terme, il ne faudrait pas s’étonner de voir des ÆSH privés, recrutés par les parents, ce qui ne ferait qu’accentuer les inégalités entre élèves.
930 € par mois, bien en dessous du seuil de pauvreté
Dernier changement en date, le temps de pause méridienne est intégré au temps de travail hebdomadaire, ces heures de prise en charge doivent permettre aux AESH d’accéder à une meilleure rémunération. Mais la circulaire n’est pas toujours appliquée ! « Avec un salaire de 930 € nets par mois pour 24 heures, je suis bien en dessous du seuil de pauvreté. Je suis en CDI, mais contractuelle, donc mon statut reste précaire. »
Suivi depuis la maternelle par différents spécialistes, le fils de Philippe, en déficit de repères spatiotemporels évolue positivement, « fruit d’un investissement familial, ce n’est pas le dispositif qui fait la différence ».
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